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VI (1) 63

Ce matin, il y avait un chat mort dans le port, un chat noir qui
flottait à la surface de l'eau, il était droit et raide, et il dérivait
lentement le long d'une barque. Hors de sa gueule pendait une tête de
poisson décomposée décomposée  de laquelle dépassait un fil de pêche cassé d'une longueur
de deuxtrois ou troisquatre centimètres. Sur le moment, j'avais simplement imaginé
que cette tête de poisson était ce qui restait d'un appât de ligne morte,
le chat avait dû se pencher dans l'eau pour attraper le poisson et, au
moment de s'en saisir, l'hameçon accroché dans la gueule, il avait perdu
l'équilibre et était tombé. L'eau du port était très transparente à l'endroit
où je me trouvais, et, de temps en temps, passait sous mes yeux un cortège
silencieux de poissons, des labres ou des mulets, tandis que, tout au fond,
parmi les algues et les cailloux, des myriades grouillantes d'alevins s'achar-
naient sur le cadvare éventré d'une murène en décomposition. Avant de repartir,
je m'attardai encore un instant sur la jetée à regarder le chat mort, qui
continuait de dériver dans le port dans un très lent mouvement de va-et-vient,
tantôt vers la gauche et tantôt vers la droite, suivant le flux et le reflux
imperceptible du courant à la surface de l'eau.


J'étais arrivé à Sasuelo à la fin du mois d'octobre. C'était déjà l'automne,
et la saison touristique touchait à sa fin. Un taxi m'avait déposé un matin
sur la place du village, avec mes valises et mes sacs. Le chauffeur m'avait
aidé à détacher la poussette de mon fils de la galerie de la voiture, une
vieille cinq-cent-quatre diesel dont il n'avait pas coupé le moteur et qui

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