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I,1

Ce matin, il y avait un chat mort dans le port, un chat noir
qui flottait à la surface de l'eau, il était droit et raide, le poil noir et luisant collé au corps
et il dérivait lentement le long d'une barque. Hors de sa gueule
pendait une tête de poisson déjà décomposée dont dépassait un
fil de pêche cassé d'une longueur de deux ou trois centimètres.
Je restai quelques instants sur la jetée à regarder flotter
le chat, imaginant que la tête du poisson était ce qui restait
d'un appât de ligne morte, le chat avait dû se pencher dans
l'eau pour attraper le poisson, et, au moment de s'en saisir,
l'hameçon accroché dans la gueule, il avait perdu l'équilibre
et était tombé. L'eau du port était très transparente à l'endroit
où je me trouvais, et de temps à autre passait sous mes yeux
un cortège silencieux de poissons, des labres ou des mulets,
tandis que tout au fond, parmi les algues et les cailloux, des
myriades grouillantes d'alevins s'acharnaient sur le cadavre
éventré d'une murène en décomposition. Avant de repartir, je
m'attardai encore un instant sur la jetée à regarder le chat
mort, qui continuait de dériver dans le port, dans un très lent
mouvement de va et vient, tantôt vers la gauche, tantôt vers
la droite, suivant le flux et le reflux imperceptible du courant
à la surface de l'eau.

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brigittefc