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de l'Académie dont les 2 Académiciennes assises devant
lui ! 1Et qui n'ont pas bronché. Ç'aurait été beau qu'elles quittent la salle !

- Josyane vous, vous aviez largement anticipé sur tout
cela et souligné que loin d'être des détails
c'étaient les signaux d'un blocage symbolique,
d'un refus du féminin ! Mais j'en reviens au
choc qu'a été pour vous - et pour tous ceux qui l'ont
découvert pour le 1e fois dans Ainsi soit-elle - la
d révélation des mutilations sexuelles en Afrique.
C'est cet aspect extrême, définitif, de l'oppression des
femmes qui a été pour vous une sorte de déto-
nateur et que vous a obligée à témoigner. En écri-
vant ce chapitre qui a suscité un tel scandale et
une telle incrédulité tout d'abord, avez-vous eu
l'impression que'écrire ce livre constituait déjà
pour vous une libération ?

- Ah, énorme ! Naître en tant que féministe, c'était
un peu comme naître tout court. J'ai été en quelque
sorte la première "victime" de ce que j'écrivais. Après
tant de luttes individuelles, donc perdues d'avance,
j'acquérais la conviction que l'émancipation des
femmes, partout dans le monde, devait être le combat
de notre siècle... et du suivant. Je récupérais enfin tout
ce que je n'avais pas osé formuler pendant mes cin-
quante premières années. Cinquante ans, c'est terrible !
Je n'ai été qu'une citoyenne qu'à vingt-cins ans, avec le
droit de vote, et une féministe consciente qu'à cin-
quante !

- Ainsi soit-elle, était d'abord un souhait pour
vous-même,un livre pour vous-même ?

- En quelque sorte. Mais dans la mesure où c'était
pour moi, c'était pour beaucoup d'autres. J'avais reçu
tant de lettres à la suite de mes romans que je me sen-
tais une sorte de devoir de solidarité. J'ai toujours eu un
côté militant... J'avais l'impression - grisante - d'ouvrir
des portes, de pouvoir aider d'autres femmes...

1 Il s'agissait de

- Pourtant, vous avez pris comme point de départ,
non pas la situation des femmes qui vous écrivaient ou la Carrère d'Encausse
vôtre, mais la tragédie vécue par les femmes d'autres
sociétés, au nom de la tradition, de la perpétuation d'une
civilisation.

- Attention, il ne faut pas confondre culture et
civilisation : les mutilations résultent d'un phénomène
culturel, donc variable selon le régime politique ou le
poids de telle religion. La preuve en est qu'elles se pra-
tiquent dans nombre de pays musulmans mais aussi
chez les coptes chrétiens et les animistes
d'Afrique noire.

Contributeurs (2)
Wellington Camille_D