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Chapitre VIII
Enfin féministe !
(reprendre intégralement les pages 145, 146, 147 et 148
jusqu'à "rabaisser l'autre" (fin du 2e paragraphe)

Josyane - Comment expliquez-vous qu'une coutume aussi
désastreuse et aussi répandue semble n'avoir pas été
dénoncée par les femmes et combattue par elles plus tôt ?

Benoîte - Il s'agit, encore une fois, de la grande conspira-
tion du silence que nous avons évoquée. Tout se passe
comme si l'oppression des femmes ne relevait pas du
problème global de l'exploitation des plus faibles, mais
exprimait seulement la manière qu'a chaque peuple de
mettre "ses" femmes à la place qu'il leur a choisie. En
fait, la société patriarcale - et elles le sont toutes -
considère chaque femme comme la propriété de
chaque homme, son "champ génital" comme dit le
Coran. Napoléon ne disait pas autre chose dans son
Code civil ! Si cette coutume a pu durer depuis tant de
siècles, c'est parce que personne n'en parlait. 1 Tous ceux
qui savaient avaient choisi de se taire. Et que peut faire
un esclave qui se croit congénitalement fait pour être
esclave ?

Josyane - Simone de Beauvoir disait que la parole est en soi
un acte subversif, la première étape de toute libération.
Benoîte - Effectivement, dès qu'elle a été révélée, la situa-
tion, qui était totalement bloquée, a commencé à évo-luer,

1. Thomas Sankara, président du Burkina, sera le premier à
oser réclamer publiquement l'éradication des mutilations rituelles.

2. Alors que l'excision n'est nulle part prescrite dans le Coran.


3. Let le professeur Minkowski fut un des rares à apporter son concours à nos actions.

Et ta soeur ?

Il est vrai que la situation a évolué mais
pas toujours dans le bon sens, d'ailleurs. L'exemple de
l'Egypte est significatif, et je le trouve dramatique. Au
colloque de Khartoum, en 1979, les délégués égyptiens
affirmèrent que l'excision était désormais interdite chez
eux et que les dayas, ou matrones traditionnelles,
n'avaient plus le droit de pratiquer cette intervention.
Ce qu'ils ne disaient pas, c'est que les médecins se char-
geaient désormais de cette très lucrative activité.

En septembre 1994, lors de la Conférence sur la
population, au Caire, le président Moubarak indiqua,
au cours d'une interview télévisée, que l'excision n'était
plus pratiquée en Egypte. Le lendemain, la chaîne de
télévision américaine CNN diffusait un reportage sur
l'amputation du clitoris d'une petite fille de dix ans
dans un appartement du Caire !

Mme Aziza Hussein, présidente du Planning fami-
lial du Caire, déclarait reconnaissait que près de quatre-vingt-dix
pour cent des fillettes étaient toujours excisées en
Egypte.

Devant le scandale de ces révélations, le gouverne-
ment fit savoir que les mutilations sexuelles seraient
désormais bannies. Mais dès le départ des déléguées,
les familles égyptiennes furent avisées que les excisions
seraient pratiquées, un jour par semaine, dans tous les
hôpitaux d'Egypte, sous anesthésie.

Sous la pression internationale, cette mesure fut
rapportée mais, sur le fond, rien ne changea : les exci-
sions se pratiquent aujourd'hui à domicile, sous

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Wellington Camille_D