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VI (2) 91

Je ne rentrai pas à l'hôtel tout de suite ce soir-là, je m'éloignai vers
la grande plage de sable qui s'étendait derrière le village sur plusieurs
kilomètres. J'avais déjà laissé le village derrière moi, et je longeais le
petit chemin de terre qui menait à la plage, évitant çà et là les grandes
flaques d'eau faiblement éclairées par la lune qui s'étaient formées dans les
ornières. ll y avait un champ dans l'obscurité en bordure du chemin, un
champ abandonné et silencieux que protégeait une vieille clôture tout abîmée,
et, continuant de suivre le chemin désert dans la nuit, je commençai bientôt
à entendre le bruit de la mer au loin, le murmure régulier de la mer qui m'ap-
porta peu à peu comme un soulagement des sens et de l'esprit. Arrivé sur la
plage, j'ôtai mes chaussures et mes chaussettes et je m'avançai lentement
dans la nuit vers le rivage, les pieds nus et mes chaussures à la main. Je
sentais le contact froid du sable sous la plante de mes pieds, le sable humide
qui pénétrait entre mes orteils, et j'enfonçais mes pieds à chaque <> fois pas mes pas davantage
dans le sol pour me pénétrer toujours plus de la sensation de bien-être que
me procurait le contact du sable mouillé sous mes pieds. J'avais fini par
m'asseoir au bord de l'eau, et je ne bougeais plus, je regardais la mer en
face de moi. Le phare de l'île de Sasuelo tournait avec régularité dans la nuit,
et tout était silencieux autour de moi sur la plage déserte. J'étais assis là
tout seul en manteau sombre sur la plage au bord de l'eau, les pieds nus dans le sable mouillé,
et je vis alors un bateau apparaîtreà l'horizon au loin dans la baie de Sasuelo, un ferry qui
glissait lentement devant moi tout illuminé dans la nuit, qui glissait immobile
à  l'horizon la surface de l'eau et qui finit par disparaître en silence dans la nuit  sous mes yeux derrière l'île de Sasuelo.

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