fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, reposait à ses
pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon pour
en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
bien une vingtaine d'hameçons noireâtres qui étaient répartis en rang
d'oignon tout au long de la ligne, et, chaque fois qu'il coupait un
nouveau morceau de poulpe, relâchant aussitôt le mollusque qui retombait
dans le fond du bateau en produisant un flop spongieux, il glissait immé-
diatement le nouveau fragment de poulpe dans le crochet d'un des hameçonsrestés libres et remplissait ainsi sa ligne au fur et à mesure. L'homme
portait une casquette bleue et un caban un peu trop étroit pour lui, me
semblait-il, j'aurais pris la taille au-dessus personnellement, et ses étaient toujours sûrs et précis,qu'il accomplissait machinalementsans jamais relevé la tête. J'avais allumé une cigarette et, ayant quitté
la borne pour m'approcher du bord du quai, préparer ses lignes
ne répondit pas tout de suite, acheva d'appâter un de ses hameçons. Demain,
finit-il par dire sans me regarder, et notre conversation s'en tint là,
qui avait fait le tour de la question somme toute, il irait à la pêche
demain, si je voulais le savoir,
la place du village pour attendre le taxi.
et, sur la jetée ???
je continuais
à le regarder
préparer ses
palangres
de sa poitrine.
Les magasins fermés.
Le