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IV 481



fond de son bateau. Un poulpe affaissé, violacé et rose, reposait à ses
pieds, et il le ramassait de temps à autre comme un vieux torchon pour
en couper un fragment avec un petit couteau, gardant le couteau entre
ses lèvres le temps d'appâter son hameçon. Chacune de ses palangres comptait
bien une vingtaine d'hameçons noireâtres qui étaient répartis en rang
d'oignon tout au long de la ligne, et, chaque fois qu'il coupait un
nouveau morceau de poulpe, relâchant aussitôt le mollusque qui retombait
dans le fond du bateau en produisant un flop spongieux, il glissait  enfonçait  immé-
diatement le nouveau fragment de poulpe dans le crochet d'un des hameçons
restés libres et remplissait ainsi sa ligne au fur et à mesure d'un geste
toujours sûr et précis de la main. Je m'étais levé de la borne et je m'étais
approché du bord du quai pour l'observer de plus près. Vous allez pêcher
maintenant ? lui-demandai-je. Il ne répondit pas tout de suite, acheva
d'appâter un de ses hameçons. Demain, finit-il par dire sans me regarder,
et notre conversation s'en tint là, qui avait fait le tour de la question
somme toute, il irait pêcher demain, si je voulais le savoir (et, fort
de cette information, je regagnai la place du village pour attendre le taxi).

Contributeurs (2)
Chloé Matina brigittefc