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IV 490



J'avais été me promener sur le port après le déjeuner, et je m'attardai
quelque temps sur la jetée en attendant le retour du taxi qui ne devait
venir me reprendre à Santagralo que vers trois heures et demie. Je marchais
lentement sur le quai en poussant devant moi la voiture d'enfant de mon
fils
, et je m'arrêtai au bout de la jetée pour j'allai m'asseoir sur une bite
d'amarrage, où je demeurai quelques instants à regarder un pêcheur qui
préparait des palangres debout dans le fond de son bateau. Un poulpe
affaissé, violacé et rose, reposait à ses pieds, et il le ramassait
de temps à autre comme un vieux torchon pour en couper un fragment avec
un petit couteau, gardant le couteau entre les lèvres le temps d'appâter
son hameçon. Chacune de ses palangres compatait bien une vingtaine d'hameçons
au moins, qui étaient répartis en rang d'oignons tout au long de la ligne,
et chaque fois qu'il venait de couper coupait un nouveau morceau de poulpe, rejetant
relâchant aussitôt le mollusque à côté de lui qui allait faire faisait un flop songieux
en atterrissant retombant allant retombant sur le plancherdans le fond de la barque du bateau, il glissait avec adresse immédiatement le nouveau fragment de
poulpe ainsi découpé
  ??? dans le crochet d'un des hameçons restés libres et
remplissait ainsi sa ligne au fur et à mesure. L'homme portait une casquette
bleue et un caban un peu trop étroit pour lui, me semblait-il, j'aurais
pris la taille au-dessus personnellement, et ses gestes étaient toujours
sûrs et précis, qu'il accomplissait machinalement sans jamais relever
la tête. Je m'étais levé de la borne et je m'étais approché de lui pour je le regardais faire du bord
de la jetée. Vous allez pêcher maintenant ? lui demandai-je en me penchant
légèrement en avant vers la barque.
Il ne répondit pas tout de suite,
acheva d'appâter un de ses hameçons. Demain, finit-il par dire sans me
regarder, et notre conversation s'en tint là, qui avait fait le tour de la question somme toute, il irait à la pêche demain,
si je voulais le savoir — et, fort de cette information, je regagnai
la place du village pour attendre le taxi.

Contributeurs (2)
Julie Coulier brigittefc