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CHAPITRE V
1
Mes apprentissages américains

Unclear Cette période qui marque la fin de la deuxième guerre mondiale,
unclear est restée pour moi une parenthèse
unclear lumineuse, une sorte d'école buissonnière et
d'initiation à la vie, après une jeunesse difficile et
un premier mariage sous le signe de la maladie.


Unclear La mort
de Pierre avait créé un grand vide dans mon existence,
et la Libération de la France, après ces cinq années de
guerre, faisait appel d'air, ouvrant soudain les portes
sur l'avenir. On avait vécu depuis 1939 entre paren-
thèses, et la vraie vie recommençait. Je venais d'entrer à
la radio, j'étais indépendante financièrement et senti-
mentalement, j'avais un appartement, l'envie d'oublier
et peut-être l'envie de vivre enfin cette jeunesse qui
m'avait été complètement escamotée. Ces six ou huit
mois ont constitué mon éducation... je n'ose pas dire
sentimentale... je ne dirais pas non plus érotique, car,
après une guerre, on ne pense pas spécialement en
termes d'érotisme. On a envie de rattraper sa vie, on
retrouve le droit de rire, de s'offrir tous les plaisirs à la
fois, ne serait-ce que manger à sa faim des nourritures
oubliées. Les Américains restent pour moi liés au lait
concentré, au chocolat, au spam, au whisky, au jazz...
à l'amour aussi, bien sûr, on était boulimique !


J'avais, comme ma soeur Flora, la chance de
parler couramment anglais alors nous sommes
devenues interprètes et hôtesses d'accueil. Le Centre
franco-allié et l'American Red Cross recherchaient
des jeunes filles ou jeunes femmes parlant bien anglais
pour servir de guides bénévoles aux Américains en per-
mission, leur faire visiter Paris et rencontrer des familles
françaises. Nous nous sommes inscrites, comme beau-
coup de mes amies, avec cet alibi culturel. J'ai tout de
même fait visiter l'Arc de Triomphe plusieurs fois.. Les
victoires
napoléoniennes étaient parmi les rares événements de
l'histoire de France qui leur rappelaient quelque chose !
Et je suis montée au dernier étage de la tour Eiffel pour
la première fois de ma vie... Je n'ai jamais mieux décou-
vert Paris qu'en le faisant visiter à des étrangers !


Mais avouons que la culture servait surtout de pré-
texte. En réalité, nous allions dans les clubs, non pour
l'amour, comme unclear on pourrait le croire, mais pour
manger !


Notre principale activité consistait à fréquenter chaque samedi les
"matinées dansantes" de l'Indépendence, un club
d'officiers basé à l'hôtel Crillon, du Rainbow Corner,
réservé aux GI, ou du Club des Canadiens, des beaux
types avec des carrures de bûcherons - c'était avenue

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