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IV 308


Je sortis les trois lettres de ma poche, et, comme j'allais les glisser
dans la boîte accrochée à la grille, ma main s'immobilisa presque malgré moi et je ressentis
ce léger frisson d'angoisse passagère que j'éprouvais toujours au moment
de devoir lâcher définitivement déposer une lettre du courrierdans la fente d'une boîte
aux lettres publique, quelle que soit la nature de la lettredu courrier que je venais d'écrire  d'ailleurs, fût-ce le simple mot que j'avais adressé aux Biaggi quelques jours avant
mon arrivée,
qui me faisait presque  toujours sur le champ toujours sur le camp  relire entièrement entièrement  sur le champ entièrement sur le champ ma
lettre mentalement, me remémorrant toutes les tournures de phrases et
vérifiant rapidement l'orthographe de certains mots, doutant soudain
de ls avoir correctement orthographié et puis un doute horrible s'emparant
de moi au sujet de tel accord, quand ce n'était pas le contenu même de
la lettre que je venais d'écrire qui devenait le sujet d'un doute soudain,
et, tandi que ma main pouvait encore retenir la lettre, tandis que
quelques centimètres seulement la séparait de la fente de la bîte aux
lettres et que tout restait encore possible, que je pouvais encore la
conserver
, que je pouvais encore et tout arrêter, tout annuler, que je pouvais encore conserver la lettre,   la rouvrir, la relire, la déchirer,
la détruire, c'est à ce moment-là que je lâchais la lettre — et ma main poursuivit son mouvement, c'est
à ce moment-là que
et je lâchai laes lettres dans la boîte aux lettres des Biaggi  je lâchai les trois lettres dans la boîte aux lettres des Biaggi

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