était encore humide, qui s'étendait au loin dans la grisaille. En face
de l'hôtel, dans l'enclos abandonné livré aux mauvaises herbes, l'âne
solitaire était toujours là, qui semblait désoeuvré et se frottait noncha-
lamment l'encolure contre le fil de fer de la clôture. J'avais sorti de
ma poche les trois lettres adressées aux
ma possession, et je pus constater que le bref séjour qu'elles avaient
fait dans l'eau la nuit dernière ne les avait pratiquement pas abîmées.
Je ne voyais pas l'utilité de les garder plus longtemps puisque je
continuais deme résoudre à les ouvrir, et
je les examinai un instant de plus près pour m'assurer qu'elles ne
pouvaient rien présenter de compromettant au cas où je les restituerais,
mais non, elles étaient tout à fait présentables,
suffisamment en tout cas pour pouvoir être remise en l'état dans la boîte
aux lettres des
n'y étaient pas restées en permanence depuis que le facteur les y avait
déposées. On voyait certes qu'elles avaient été mouillées, le papier
était comme légèrement crêpé par endroits et l'encre qui avait servi à
rédiger les adresses avait un peu bavé sur les enveloppes, mais c'était
comme si elles avaient pris la pluie tout au plus, ce qui n'était rien
moins que vraisemblable si elles avaient dû rester ainsi quelque temps
dans leur boîte aux lettres.
Je m'étais approché du lit de voyage où dormait
qu'il se réveille pour sortir, et je le regardais dormir avec attendrisse-
ment tout recroquevillé dans sa grenouillère bleu ciel et les petites
mains ouvertes, c'était vraiment un des types qui dormait le plus que je
connaissais. Il ne se réveilla qu'un peu après midi, dans un hocquètement
de pleurs tout doux et comme imperceptible qui participait encore du
sommeil, puis qui alla crescendo, saccadé et rageur, tandis qu'il essayait
de se redresser dans le lit la tête et les mains enfoncées dans la paroi
en tissu finement ajourée de son petit centre Georges Pompidou. Je le sortis