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V ② 143


J'allai fermer les rideaux car j'avais décidé de faire la sieste.


Je m'étais recouché, et je demeurais les yeux ouverts dans la pénombre
sans dormir. Mon fils respirait doucement dans son lit, qui s'était
rendormi dès que je l'avais recouché, et j'apercevais son petit corps
recroquevillé sur le matelas à travers la fine paroi ajourée dude son lit.   Je
n'entendais aucun bruit dehors, et, chaque fois que je fermais les yeux maintenant,
je revoyais de façon obsessionelle l'image du cadavre du chat dans le
port, ses oreilles dressées à la verticale hors de l'eau et ses moustaches
brisées translucides, le corps renversé dans l'eau grise, qui flottait lourdement à 
la surface, et bientôt c'est une autre image angoissante que j'avais déjà
vue qui m'apparut insensiblement, l'image du visage de Biaggi qui me re-
gardait, puis c'est tout le corps de Biaggi que je vis, le corps de Biaggi
qui flottait sur le dos dans le port, immobile, et les bras écartés et les bras écartés, vêtu
d'un anorak caban et d'un pantalon en toile qui remontait légèrement sur ses
mollets, les chaussures et les chaussettes déjà complètement imbibées d'eau.
Il avait une cravate autour du cou, déchirée, et sa tête était couchée sur
le côté, une joue bleuie légèrement enfoncée dans l'eau. La cravate n'était pas
nouée autour de son cou comme un noeud habituel de cravate, mais flottait
librement autour de ses épaules, comme une écharpe, et des traces rouges
apparaissaient à la base de son cou, de faibles mais indiscutables traces
de strangulation, de sorte que Biaggi avait dû être étranglé avec cette
cravate une nuit qu'il se trouvait sur la jetée du port selon toute vraisemblance, Biaggi avait été étranglé avec cette cravate une de ces nuits dernières sur la jetée du port par quelqu'un
qui avait dû le rejoindre pendant la nuit sur la jetée, quelqu'un qui l'avait rejoint
cette nuit-là sur la jetée du port et
qui s'était approché de lui par
derrière sous le même clair de lune toutes les nuits identique, toujours
le même exactement, avec les mêmes nuages noirs qui glissaient dans le
ciel, et qui lui avait passé sa cravate autour du cou, sa propre cravate
qu'il n'avait pas enlevée et qui était toujours nouée au col de sa chemise,
et qu'il qui qui avait commencé à serrer alors, tandis que les mains de Biaggi s'ac-
crochaient à ses poignets pour le faire lâcher prise, mais qu'il n'avait

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