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V (3) 89


où il travaillait d'ordinaire, et, allumant la lumière,  je m'étonnai de ne pas trouver sa machine
à écrire sur le bureau. Il y avait quelques papiers dispersés sur le rebord
de la cheminée, à côté d'une pile de livres et d'une tasse de café vide qui reposait dans la pénombre.  , et un livre ouvert reposait sur le lit-bateau bras d'un fauteuil.
Hélène non plus ne savait pas où se trouvait Biaggi, en réalité, cela fai-
sait cinq jours maintenant qu'elle ne l'avait pas vu, avait-elle expliqué, depuis le vingt-sept
octobre très exactement, date à laquelle ils avaient quitté Sasuelo ensemble
pour assister aux obsèques d'un ami. Depuis, elle n'avait plus eu de  Biaggi ne lui avait plus donné
de nouvelles de Biaggi et, comme il n'avait pas reparu dans l'appartement qu'ils
occupaient à Paris, elle avait imaginé qu'il avait repris l'avion pour
Sasuelo le jour même de l'enterrement, de sorte que ce soir, quand elle
était arrivée, car elle n'était arrivée de Paris que ce soir, elle avait pensé pensait qu'elle allait
le re retrouver ici en arrivant. Et c'est pourquoi, cette nuit, quand
elle avait été réveillée en sursaut par le bruit du répondeur téléphonique,
elle n'avait pas eu tellement peur finalement, seulement un instant, voyant
monter quelqu'un à l'étage qui n'avait pas allumé la lumière, car elle
pensait que c'était Biaggi. Que c'était Biaggi qui rentrait. Car Biaggi
devait se trouver à Sasuelo, selon elle, puisqu'il n'était pas à Paris.



Biaggi devait même se trouver à Sasuelo depuis une semaine environ, si
Hélène ne se trompait pas, et je songeai alors qu'il était donc déjà là
le jour de mon arrivée, puisque je m'étais installé à l'hôtel dans la ma-
tinée du vingt-huit,
et que c'était lui en réalité qui s'était caché de
moi pendant ces quelques jours, ne sortant de chez lui que la nuit quand
il pensait ne pas se trouver dehors, alors que, dans le même temps, je
croyais me cacher moi-même et prenais parallèlement le même type de pré-
cautions pour éviter les parages de sa maison tant j'étais persuadé qu'Hélène
et lui s'y trouvaient depuis mon arrivée. Car c'était en quelque sorte pour
les voir que je m'étais rendu à Sasuelo, pour voir Hélène oui — même si
j'avais tout fait pour que mon séjour s'achevât sans que j'eusse pu me
résoudre à la voir.



Mais cette nuit, me demandais-je, où Biaggi était-il cette nuit ?

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brigittefc