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II, 367



La lampe de chevet était allumée sur la table de nuit de la chambre à
coucher, et la faible lumière de l'abat-jour tombait sur le couvre-lit
et semblait nous isoler, Hélène et moi, dans la pénombre de la pièce. Hélène
s'était recouchée, et j'étais assis près d'elle sur le lit, fumant une
cigarette, dont je déposais la cendre avec circonspection dans un cendrier bizarroïde
que j'avais posé à plat sur la couverture, ichtyoïde et bleu
clair, avec des écailles en porcelaine. Elle m'avait pris la main et
jouait lentement avec mes doigts en m'expliquantà voix basse qu'elle ne savait pas
où se trouvait Biaggi, car elle appelait son mari Biaggi, et jamais Paul,
elle l'avait toujours appelé Biaggi autant que je me souvienne. Cela
faisait cinq jours maintenant qu'elle ne l'avait pas vu, depuis qu'ils
étaient rentrés à Paris, très précisément, car une tante de Biaggi était
morte le vingt-sixtrois octobre et ils avaient dû rentrer à Paris pour
l'enterrement. Depuis, leurs relations, qui étaient de plus en plus tendues,
s'étaient de nouveauencore détériorées et elle ne l'avait plus revu. Il n'avait pas
reparu dans l'appartement qu'ils occupaient ensemble à Paris, et elle
avait cru qu'il était rentré à Sasuelo sans prévenir personne juste après
l'enterrement, de sorte que, ce soir, quand elle avait pris l'avion, elle
pensait qu'elle allait le retrouver ici en arrivant. Et c'est pourquoi,
quand elle avait entendu du bruit dans la maison quelques instants plus
tôt, elle n'avait finalement pas eu tellement peur, seulement un instant,
voyant monter quelqu'un à l'étage qui n'avait pas allumer la lumière, car
elle pensait que c'était Biaggi. Que c'était Biaggi qui rentrait. Car
Biaggi devait se trouver à Sasuelo, selon elle, puisqu'il n'était pas à
Paris. peut-être était-il à l'hôtel ?

Contributeurs (3)
Wellington DU Jiayi brigittefc